Sur le climat comme sur les politiques structurelles des transports, la Commission accélère, mais elle ne réinvente pas la roue. Dans sa stratégie pour une mobilité durable et intelligente, adoptée le 9 décembre, elle envisage 82 mesures dans la lignée du pacte vert pour le climat, et dans un délai resserré – celui du mandat d’Ursula von der Leyen, avec une accumulation de textes prévue en 2021 . La plus grande incertitude politique réside surtout dans la direction que prendra…
Premières réactions du secteur : le monde ferroviaire ravi, les ONG environnementales circonspectes voire déçues, le transport routier remonté
Le représentant international du transport routier, l’IRU, torpille une stratégie qui va « détruire le transport par autocar » (notamment l’objectif de neutralité carbone des liaisons interurbaines de moins de 500 km), car elle se base sur une approche « qui mesure seulement les émissions de CO2 à la sortie du pot d’échappement », « ce qui va limiter le potentiel de décarbonation du transport de marchandises et de passagers ».
Au contraire, les opérateurs ferroviaires historiques, nouveaux entrants et l’industrie ferroviaire applaudissent la place donnée au report modal vers le rail dans la stratégie. L’Erfa « apprécie » l’association de deux révisions pour promouvoir le fret ferroviaire : celles du règlement sur les RTE-T et du règlement sur les corridors de fret. L’organisation demande aussi à la Commission de réfléchir au problème de la gestion des capacités ferroviaires, notamment en période de crise.
Les organisations représentants les cyclistes et l’industrie du vélo « accueillent prudemment » la stratégie, soulignant des déclarations « positives », mais regrettent que le document ne fixe pas d’objectifs précis concernant la part modale du vélo, ni d’actions spécifiques.
Selon Greenpeace, les mesures proposées ne sont pas à la hauteur du défi climatique, puisque « la Commission ne propose pas de fixer une réduction du transport aérien, ni du nombre de véhicules personnels, et la proposition de rendre neutre en carbone les trajets de moins de 500 km entre deux villes en 2030 n’est pas suivie de mesures contraignantes comme l’interdiction des liaisons aériennes de courtes distances. L’ONG regrette aussi l’absence de date butoir pour la fin de la vente des véhicules thermiques.
Transport & Environment salue la stratégie et souligne “un grand pas vers l’électrification des voitures et des camions”, mais déplore que la Commission s’appuie trop sur les “biocarburants” pour la décarbonation des avions et des bateaux, et craigne “un nouveau fiasco des biocarburants”.