Depuis deux ans, le parti socialiste espagnol est comme un boxeur qui encaisse les coups. L’uppercut final devrait s’abattre dimanche, jour des élections législatives en Espagne, où le parti de droite (PP) chemine vers une large victoire. S’il arrive aux sondages de s’égarer, l’écart de 17 points qui sépare le candidat conservateur Mariano Rajoy de son adversaire socialiste Alfredo Rubalcaba (PSOE), paraît néanmoins trop béant pour inverser la mécanique.
Rajoy n’aura même pas eu besoin de livrer une campagne acharnée,…
Où en est le mouvement des indignés ?
Ana et Jesus, deux Espagnols impliqués dans le mouvement du 15M né spontanément pendant les élections locales, font le point sur les mutations de cette initiative citoyenne.
Ana : "Le mouvement du 15M évolue continuellement. Il ne s’est pas interrompu ni affaibli. Cependant, aux yeux des médias, il est clair que le phénomène a perdu de son intérêt. Dès qu’un pays vit constamment des manifestations et des protestations, ces dernières cessent de faire l’actualité. Une enquête récente montre que 73% des Espagnols partagent les principes du 15M mais la majorité d’entre elles reconnaissent ne pas avoir le temps de participer activement, même si elles espèrent que les indignés « règleront quelque chose ». Cette passivité, qui existe depuis de nombreuses années, a été imposée par le capitalisme, qui nous fait croire que nous avons tout ce dont nous avons besoin et qu’il n’existe aucune raison de protester."
Jesus : "Le 15M stagne sous une avalanche de décisions qui ont généré un mouvement d’indignés bureaucratique. La société ne perçoit plus la réalité du mouvement comme au début. Le 15M représente aujourd’hui un ensemble de personnes qui ont toujours de l’espoir mais ne produisent pas d’idées concrètes sur lesquelles les pouvoirs publics pourraient s’appuyer. Le 15M ne s’est pas affaibli. Simplement, personne ne sait ce que nous voulons, car il n’y a pas un groupe chargé de la publication de nos idées qui toucherait le grand public. Par ailleurs, nous ne communiquons pas avec les mass media. Ou bien ces journalistes ne s’intéressent pas au 15M tant que nous ne sommes pas délogés des places publiques ou confrontés aux charges de la police."