Le 5 juillet, à Strasbourg, le monde de l’industrie culturelle s’effondre, ou presque. Le Parlement européen, réuni en plénière, vient de rejeter avec une courte majorité le mandat de négociation pour la directive droit d’auteur. Alors que tous les voyants étaient au vert pour les ayants droit (musique, audiovisuel, presse) depuis deux ans. Comment ont-ils perdu cette manche capitale ?
En septembre 2016, la proposition de directive de la Commission est plutôt avantageuse pour le secteur créatif : elle reprend…
Des contextes nationaux qui jouent
En Pologne, la directive a été surnommée Acta 2, faisant surgir le spectre des manifestations massives ayant eu lieu à l’époque. « La crainte d’un Acta bis a été très forte », explique-t-on du côté des ayants droit.
En Italie, le nouveau gouvernement s’est immiscé dans les débats. Traditionnellement très favorable au droit d’auteur, Rome a soudainement adopté une opposition totale au texte, menaçant de ne pas transposer la directive si elle était adoptée en l’état.
En Allemagne, « des restes des affrontements » sur le règlement câble et satellite ont renforcé les divisions entre les socialistes et la droite. Le S&D et le PPE allemands pansent encore les blessures d’un autre combat impitoyable, sur la réforme de la retransmission audiovisuelle. Cette lutte a consacré le triomphe des chaînes de télévision privées et du PPE allemand sur la Commission européenne, les Verts et le S&D allemands.