« Ce n’est pas une proposition, c’est une blague. » La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, ne décolère pas depuis la présentation le 22 novembre par la Commission d’une solution pour plafonner les prix sur la bourse TTF, principale place de négoce du gaz en Europe. « Une proposition qui n’aurait jamais dû être présentée », renchérit un diplomate du nord de l’UE. L’exécutif européen pensait apaiser les esprits en présentant un texte censé « limiter les…
Le détail du mécanisme et les mises en garde des spécialistes
Le mécanisme proposé par la Commission concerne les contrats mensuels (« month-ahead », gaz livré le mois suivant) de la bourse TTF. Ni les prix journaliers (« day-ahead ») ni les transactions de gré à gré (dites « over the counter », OTC) ne sont concernés. Le prix plafond est fixé à 275 euros/MWh. Les transactions au-delà de ce montant seront interdites à partir du 1ᵉʳ janvier 2023 à deux conditions cumulatives :
1) que ce plafond de 275 euros pour les contrats « month-ahead » soit dépassé pendant deux semaines et
2) que le prix TTF soit supérieur de 58 euros au prix de référence du gaz naturel liquéfié durant dix jours consécutifs sur cette période de deux semaines.
Une proposition qui « va tuer le TTF, seul indicateur de marché en euro » en décourageant le trading du gaz naturel via cette bourse, indique à Contexte le professeur à Sciences Po Paris, spécialiste du gaz, Thierry Bros. Une position partagée par le représentant des traders européens de l’énergie, l’association Europex, dans une lettre envoyée à la Commission pour dénoncer cette « intervention invasive ». Pour le chercheur au think-tank Bruegel, Simone Tagliapietra, « la proposition ne tient pas la route, ni sur le plan économique ni sur le plan politique. L’UE a besoin de plus pour faire face aux conséquences de la crise énergétique : un solide système d’achat commun de gaz et un fonds européen pour la crise énergétique, par exemple ».