Par Antonio Pollio Salimbeni
“L’instabilité encercle l’Union européenne”. Attaques terroristes, groupes extrémistes exploitant "les frontières poreuses”, migrations, actes déstabilisateurs de la Russie : tel est le cadre très inquiétant esquissé dans le document de réflexion , qu' Europolitics a pu consulter, préparé par Federica Mogherini, la Haute représentante de la politique extérieure et de sécurité de l’Union, en vue du Conseil européen des 25 et 26 juin. Les chefs d’État et de gouvernement sont censés confirmer le mandat donné à…
Un message pour Moscou
Parmi les implications politiques pour l’UE esquissées dans le document de Federica Mogherini, les priorités sont la prévention des conflits, la migration, les politiques du climat, la coopération et le développement, l’aide humanitaire, et le désarmement. Sur les migrations et le terrorisme, peu de choses émergent à ce stade : il s’agit de chantiers entièrement ouverts, et il faudra attendre pour voir quelles décisions seront prises dans les prochains mois. Pour autant, le document souligne l’importance d’utiliser autant que possible la force de levier et de coordination de l’UE, mais cela nécessite une harmonie entre les Etats membres, aujourd’hui insuffisante. L’énergie, où la politique, la sécurité et l’économie, tous ces domaines étant très imbriqués, constituent un cas d’école pour Mme Mogherini: “Contrairement à la politique sur le climat où l’UE est unie et joue un rôle plus efficace, la fragmentation du marché européen affaiblit l’Union, qui devient une cible des stratégies de certains pays fournisseurs qui cherchent à la diviser pour mieux régner, avec des effets négatifs pour la sécurité énergétique commune”. Un message pour Moscou.
C’était l’un de ses engagements devant les eurodéputés lors de son audition en septembre 2014 : Federica Mogherini souhaitait, autant que possible, relancer la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Pour l’Italienne, la PSDC "fonctionne bien, mais elle est confrontée à certaines difficultés à assurer des sources de financement, d’intelligence, et de logistique communes" face "à l’utilisation prépondérante des armes conventionnelles par les terroristes et les criminels, aussi bien que par les forces rebelles, les milices et les entités autres que les Etats". Pour répondre à ces défis, Mme Mogherini se contente à ce stade d’annotations très générales. Elle considère que les outils de l’UE "doivent s’adapter à la détérioration des conditions de la sécurité" au niveau mondial, sans plus de précisions. Mogherini cite néanmoins trois cas de silence européen. Premièrement, les Battle Groups de l’UE (fondés sur la participation des Etats) qui n’ont jamais été déployés sur le terrain. Ensuite, l’article 44 du traité de Lisbonne, qui permet au Conseil de confier la mise en oeuvre d’une mission à un groupe d’Etats, qui lui non plus n’a été jamais activé. Idem en ce qui concerne le manque de coordination des budgets de la Défense. Mogherini en convient : si l’UE n’est pas une alliance militaire, "elle ne peut pas ignorer la Défense dans sa politique de sécurité".