1. Ce que vous pouviez lire en premier dans Contexte
Au lancement, en 2013, les obsessions de Contexte sont déjà là : pressions subies par la Commission européenne, rapport de force entre elle et le Parlement, rouages du pouvoir avec le récit du quotidien des assistants parlementaires, ou encore déontologie qui s’impose à des députés tentés par de profitables extras. Les cinq premiers journalistes de la rédaction posent les bases des milliers d’intrigues politiques qui suivront.
2. Au commencement, le souffle du leak planait au-dessus des eaux
Les ténèbres régnaient à la surface de l’action publique. Contexte dit : « Que la lumière soit ! » C’est ainsi que fuita ce rapport (2014) de la Cour des comptes dressant un bilan intraitable du TGV. Premier leak. Et les abonnés virent que c’était bon. Situé sur les berges de la Seine dans le Sud-Est parisien, un certain ministère n’en dit pas autant, lorsque est « leaké » par nos soins, régulièrement (2019, 2021, 2022, 2023, 2024) le projet de loi de finances, avant qu’il soit officiellement présenté en Conseil des ministres… Sans oublier notre série de leaks sur les préparatifs en coulisses du projet de « nouveau nucléaire » d’Emmanuel Macron – coût du nucléaire, financement des six projets de nouveaux réacteurs, dépenses en la matière d’EDF, doutes de l’administration sur le calendrier. Une tradition qui perdure, avec la bataille ouverte entre la CRE et EDF sur le coût actualisé du nucléaire…
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3. Le sommet européen, ou l’art d’être plus décisif que le précédent
Soit une crise, révélatrice d’une énorme faille dans la machine européenne, qui nécessite une réunion urgente. Aucun chef d’État n’est d’accord avec son voisin. Variante : deux coalitions s’opposent. Après des heures de réunion, un accord est arraché entre les États membres, réglant temporairement le problème. Un cycle qui fait tout le sel de l’Union européenne, dont Contexte ne se lasse jamais (et vous non plus, fidèle lectrice ou lecteur), d’ailleurs décrit dès nos premiers papiers (2015). Scénario réitéré avec les débuts de la crise grecque (2015), les discussions post-Brexit entre les Vingt-Sept (2020), la crise du Covid-19 (2020), le sujet de l’État de droit (2021), ou le début de la guerre en Ukraine (2022). Est-ce à dire que l’UE ne bougerait que dos au mur ? On pose simplement la question.
4. Lobby or not lo be
« Obsession, nom féminin : idée, image, mot qui s’impose à l’esprit de façon répétée et incoercible. » On préférera cette définition du Robert à celle donnée par l’Académie de médecine (« idée parasite répétitive, associée à un sentiment de tension anxieuse, vécue péniblement par le sujet comme absurde et contraignante ») pour décrire l’intérêt que porte Contexte aux affaires publiques. Le monde de l’influence inspire nos papiers depuis dix ans. Il y a celui qui lutte pour sa survie et qui, comme TikTok, peut passer du mode silencieux au mode com’ de crise en un quart de seconde. Celui qui doute de la stratégie à adopter face à un Rassemblement national qui monte, celui assommé par des 49.3 en pagaille ou dérouté face à des citoyens qui font la loi, celui qui traîne ses propres obsessions, dont celle d’écraser un concurrent. Il y a le portrait de l’Afep, le frère très discret, et pourtant très influent, du Medef. Et puis il y a les batailles par politiques interposées, comme ce cas d’école des taxis contre VTC, ou cette coalition de circonstance des industries face aux ambitions environnementales de l’Union européenne.
5. Qui aurait pu prédire…
… que la sobriété deviendrait centrale dans les politiques du second quinquennat Macron ? Contexte ! Six mois avant que le chef de l’État n’ose évoquer la « fin de l’abondance » (août 2022), l’édition Énergie y décèle un enjeu majeur. La sobriété est pourtant un concept largement absent de la course à l’élection présidentielle, car jugé trop clivant et dérangeant. Un été caniculaire marqué par une exceptionnelle sécheresse et un hiver chamboulé par la guerre en Ukraine donneront raison à la rubrique. C’est aussi Contexte Énergie qui dissèque en 2021 le phénomène grandissant du Shift Project, ce think tank qui rallie toujours plus d’aficionados de Jean-Marc Jancovici à mesure que l’ingénieur abreuve les réseaux sociaux et les plateaux TV de ses analyses. Dès 2016, Contexte vous parle pour la première fois d’autonomie stratégique, dans un papier sur la défense comme nouveau souffle d’un projet européen écorché par le Brexit. Un concept qui connaîtra son apogée quatre ans plus tard, à la lumière des carences européennes révélées par la crise du coronavirus. L’édition Pouvoirs décrit, en 2014, toute la difficulté – toujours d’actualité – de la France à maintenir son influence en Europe face à son voisin allemand. Contexte raconte aussi l’histoire d’autres visionnaires, comme ce conseiller d’Emmanuel Macron, Guillaume Leforestier, qui, dès novembre 2016, avait alerté le président de la République sur le risque « Gilets jaunes ». Avoir du pif, ça ne s’invente pas.
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6. Là où vous aimeriez être
Contexte vous parle depuis les coulisses. Celles de la DG Concurrence, forteresse convoitée des lobbyistes, qui se barricade pour éviter toute pression extérieure. Des couloirs d’un ministère aussi, celui de l’Agriculture, arpentés par trois locataires différents : le premier, dont la chute a fait le bonheur de son administration, le deuxième, dans une osmose de circonstance avec son secteur – présidentielle oblige –, et le dernier, confronté au recul d’influence de son ministère au profit de celui de la Transition écologique. Un aperçu de l’envers du pouvoir se trouve également dans les portraits de ceux qui l’exercent, comme celui de Martin Selmayr, directeur de cabinet de Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, décrit comme le marionnettiste en chef des jeux de pouvoir bruxellois, ou celui du ministre du « show » et du « business », dont on vous laissera deviner le nom. Contexte aime aussi gratter le vernis, comme en 2018 sur les coupes budgétaires post-Brexit que la Commission européenne a voulu masquer ou sur l’incapacité du gouvernement à entendre les alertes de sa majorité parlementaire, qui a conduit en 2018 à l’une des plus graves crises du quinquennat, celle des Gilets jaunes.
7. Sélection « Un certain regard »
Chez Contexte, on trouve qu’informer sur les politiques publiques ne passe pas seulement par le verbe ; parfois, un beau tableau ou un gros dessin valent mieux que 15 000 signes de briefing. On a repoussé les limites de cette vision en 2023 avec l’extraordinaire carte de la planification écologique, mais pour arriver à ce résultat, on a dû passer par moult étapes – comme ce « piquant » premier tableau de bord législatif de 2015. D’autres fois, on peut, façon « Rap Genius des manœuvres législatives », décrypter des courriels de lobbyistes de l’industrie du médicament envoyés à des eurodéputés, en les flanquant de petits post-it numériques pour aider le lecteur à lire entre les liens… C’est : le poids des mots, le choc des tableaux.
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8. LOM, DSA, DMA, PAC, PLF, PPWR, Fit for 55, Sapin 2
Derrière ces noms de code, des textes structurants dans leurs domaines respectifs. Les évoquer fait remonter chez nos journalistes le souvenir d’une longue course de fond, épique et stimulante toujours, fastidieuse et douloureuse parfois. Aussi, de l’apparition en 2019 d’un petit sigle amené à connaître une longue vie, le DSA (pour Digital Services Act) – dans un document dévoilé par nos soins – à son adoption en avril 2022, il s’est écrit plusieurs centaines de brèves et quelques dizaines d’articles (ici, ici ou ici). Les spécialistes des transports ont pu apprécier les petits calculs politiques, obstructions et autres divisions intestines qui ont jalonné la réforme du transport routier au Parlement européen. La LOM ou loi d’orientation des mobilités leur remémorera quelques nocturnes, entrecoupées de réunions interministérielles qui tournent en rond et d’arbitrages qui ne viennent pas, sans évoquer le capotage d’une commission mixte paritaire. Contexte vous livre aussi le récit, étape par étape, de l’effondrement du paquet climat en juin 2022 au Parlement, par un jeu politique détonant. Celui, encore, de la COP21 sur le climat, où Contexte fait le choix d’envoyer deux journalistes au parc des expositions du Bourget afin de tenir le « livre de bord » des négociations. Oui, journaliste de dossier, c’est un métier.
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9. Passion people
Comme le chantait John Lennon en 1971, le pouvoir est une histoire de « people ». Contexte a bien sûr les siens. Sobrement appelés « Les gens » dans nos briefings, ils et elles exercent leur pouvoir dans les hautes sphères françaises et européennes. On les suit, les croque et les flanque d’attributs plus ou moins flatteurs – d’Élisabeth Borne, on a dit qu’elle était « influençable », chez Thierry Breton, on a décelé une âme de « corsaire ». Saurez-vous reconnaître qui est « l’encombrante » ? Il arrive qu’ils nous ouvrent les portes de leur bureau, nous livrent leurs confidences. En 2016, Jean-Claude Juncker révélait ainsi à Contexte : « Je ne suis pas désespéré » ! Et puis, il y a ces autres « people » qui comptent beaucoup pour nous ; ce sont un peu nos influenceurs. Plus ou moins anonymes, ils jouent des rôles clés dans la grande horlogerie des institutions et méritent aussi nos coups de projecteur : conseillers ministériels convertis, « haut gradés » de l’Assemblée, conseillers des groupes, eurodéputés en détresse, collaborateurs parlementaires…
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10. L’amour du titre WTF chevillé au corps
Vaut-il mieux un titre souriant ou tristounet pour accompagner une actualité le plus souvent aride ? Chez Contexte, nous avons tendance à pencher pour la première option. Notre rédaction nourrissant une passion aussi certaine qu’imposée pour les acronymes, quoi de plus logique que de s’employer à les tordre ? Nous nous y sommes laissé prendre avec la fameuse présidence française de l’Union européenne – « Refaire parler français à Bruxelles… PFUUUUE » –, tout comme avec l’accès régulé au nucléaire historique (Arenh) ou l’inénarrable programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Sans surprise, Élisabeth Borne a fait les frais de cet humour potache lors de son arrivée, par exemple à la tête du ministère de la Transition écologique, il y a une éternité, ou lors de la composition de son (premier…) gouvernement. Comment ça, ça ne vous fait pas rire ? Tantôt trash, gourmande ou biscornue, cette passion du titre WTF peut aussi être antonymique ou poétique… Mais jamais au grand jamais, vulgaire. Ce qui peut expliquer l’absence notable de contrepet. Un but qui n’apaise pas la quête pour les dix prochaines années ?