Loi sur le génocide arménien, refus de l’entrée de la Turquie dans l’UE, désaccords sur l’Iran… Les différends politiques entre la France et la Turquie sont nombreux et ont attisé les tensions entre les deux pays. Les autorités turques étaient allées jusqu’à évoquer un boycott des produits français en 2006 à la suite de l’adoption d’une loi en France punissant la négation du génocide arménien. Tandis que Gaz de France s’était retiré du projet de gazoduc Nabucco en février 2008,…
Les PME françaises moins touchées
A la différence des grands groupes français, les PME françaises ne seraient pas affectées par les tensions politiques entre les deux pays. Le directeur d’Ubifrance Turquie Axel Baroux explique qu’il « n’y a jamais eu de remise en cause de contrats » pour des raisons politiques. Au contraire, « la France a une très bonne image ». Pas de syndrome Gaz de France donc.
En outre, les échanges économiques augmentent. En témoigne le Forum d’affaires franco-turc qui a eu lieu à Istanbul du 14 au 16 juin, et qui a rassemblé 230 entreprises des deux pays, essentiellement des PME, selon Axel Baroux. Aujourd’hui, rappelle-t-il, « 330 entreprises françaises sont implantées en Turquie ». Parmi ces dernières, environ 45% sont des PME. Un chiffre en net progrès car selon le directeur de la chambre de commerce française en Turquie, Raphaël Esposito, la présence des PME en Turquie est très récente et date de moins de 10 ans.
En Méditerranée, les PME françaises sont traditionnellement tournées vers les pays du Maghreb et ont à ce titre plus délaissé la Turquie. Raphaël Esposito l’explique par la méconnaissance du pays et les « difficultés linguistiques ». Si Axel Baroux déplore un « déficit d’image » de la Turquie en France, il note que le « potentiel de développement des PME est important. » L’économie turque est en pleine croissance (+5,2% en 2010 selon les prévisions du FMI).
La faiblesse de la présence des PME en Turquie par rapport au Maghreb peut aussi s’expliquer par la très faible internationalisation des PME françaises. Seulement 14% des chefs d’entreprises dans l’Hexagone envisagent l’export comme une priorité pour les années à venir. Or, à population équivalente, la Turquie a un PIB trois fois plus élevé que les trois pays du Maghreb, juge Axel Baroux.
Parmi les difficultés que peuvent rencontrer les PME en Turquie, Raphaël Esposito évoque les démarches administratives pour créer une PME. « Même les Turcs doivent faire appel à un avocat pour effectuer les procédures », explique-t-il.
Le président de la commission internationale de la CGPME Rhône, Marc Hoffmeister, considère également qu’il y a un déficit d’aide et de communication de la part de la Turquie. Moins positif, il va même jusqu’à déclarer qu’il n’a aucune relation avec la Turquie et déplore d’ailleurs que « lors de l’événement Planète PME [le 14 juin à Paris], il n’y avait pas de délégation turque ».