Si le nombre de députés dans l'hémicycle est à l'image du poids politique de l'interlocuteur, autant dire que le président de la Commission européenne ne compte déjà plus aux yeux des députés.
Seulement une centaine sur les 766 ont assisté au discours sur l’état de l’Union du président de la Commission européenne, mercredi 11 septembre, qui achève son deuxième mandat à la tête de l'exécutif européen. Les élections européennes de mai 2014 déboucheront sur la désignation de son successeur à l’automne prochain.
Les marchés rassurés, quid des citoyens ?
L’ancien Premier ministre portugais a défendu son bilan avec énergie. Les premiers signes de reprise économique sont pour lui la preuve que les choix pris lors de la crise étaient les bons.
Les pays empruntent aujourd’hui à des taux d’intérêt raisonnables et l’activité économique reprend timidement, a résumé M. Barroso. Le président de la Commission européenne a cependant omis de mentionner le fossé croissant entre l’UE et ses citoyens. Au début de son second mandat, à l’automne 2009, les institutions européennes inspiraient confiance à 47% des Européens. Seuls 30% le disent aujourd’hui.
Sans oublier que depuis le début de la crise, aucun gouvernement ayant appliqué les programmes d’austérité n’a été reconduit.
Le budget de l'UE pour la période 2014-2020 est en baisse pour la première fois par rapport au précédent. Pour autant, le président de la Commission n’a pas hésité à le comparer à un “plan Marshall” et appelé les députés à le ratifier. Ces derniers demandent pourtant aux Etats de tenir leur promesse de verser 4 milliards d’euros supplémentaires au budget communautaire de 2013.
Manoeuvres de communication
Un an avant la fin de son mandat, le président de la Commission veut maintenir le cap. Selon lui, le plus grand risque pour l'UE est politique : il réside dans l'“instabilité” ou le “manque de détermination” éventuel dans les réformes à entreprendre. Selon lui, les Européens n'ont d'autre alternative que d'appliquer les réformes structurelles décidées au plus fort de la crise.
Approfondissement du marché unique, stratégie Horizon 2020 et accord de libre-échange avec les Etats-Unis constituent les trois chevaux de bataille du président en fin de parcours.
Dans un volontarisme en décalage avec le calendrier institutionnel de l'année à venir (élections européennes en mai 2014 et changement de Commission à l'automne), M. Barroso a affirmé qu’il continuerait à présenter des propositions législatives jusqu’à l’hiver.
Ces mesures n'ont aucune chance d'être adoptées d'ici la fin de son mandat. Elles peuvent éventuellement être reprises par la prochaine équipe.
La succession est lancée
A part son propre groupe politique (PPE), les élus ont attaqué le président de la Commission sur tous les fronts : les socialistes sur les chiffres du chômage, les libéraux sur son manque de vision et de leadership, les Verts sur son non-engagement pour l’environnement, les eurosceptiques sur son entêtement pro-européen... A Strasbourg, la campagne électorale est déjà lancée.