Après quatre années passées à organiser un développement tempéré de la transition énergétique, le SPD veut passer à l'étape suivante. Adopté hier au congrès de Dortmund, le programme du candidat Martin Schulz à la chancellerie propose une feuille de route pour respecter les objectifs pris à la COP 21.
Une loi sur le climat, aboutissement d'un approfondissement du plan climat 2050, forme la pierre angulaire de ce chapitre du programme de l'ex-président du Parlement européen. Après un focus placé sur la production d'électricité, la priorité doit être donnée à l'efficacité énergétique, dans le sillage des jalons posés par la grande coalition.
Le solaire et l'éolien doivent continuer à croître, mais le rythme de développement est l'objet de tiraillements. La motion adoptée reste vague et non chiffrée sur ce sujet. Sigmar Gabriel, à la tête du ministère de l'Économie jusqu'en février dernier, a freiné le mouvement pour limiter les coûts de la transition énergétique. Le groupe parlementaire SPD au Bundestag a plaidé en amont du congrès de Dortmund pour un coup de fouet. Il en va de la réalisation des objectifs climatiques 2020, actuellement menacée, et du rôle de modèle joué par l'Allemagne sur le terrain de la transition énergétique.
Appels d'offres
« Avec la loi EEG 2017 et le système d'appels d'offres nous avons déjà aujourd'hui une réduction significative des coûts », explique Bernd Westphal, président du groupe de travail énergie chez les élus SPD, « mais nous avons toujours une impasse sur la construction du réseau », notamment en raison de l'opposition populaire sur certains tronçons des futures « autoroutes de l'électricité » nord-sud. Pour remédier à la mise à l'arrêt des éoliennes en cas de surcharge, les députés SPD misent sur un stockage des kilowattheures grâce aux technologies dites « power to x ».
Le sursaut, dont l'impact – à deux ans et demi de la date butoir – est à prendre avec précaution, mise également sur la rénovation énergétique des bâtiments. Là, les parlementaires SPD veulent un système plus favorable aux locataires. Actuellement, les travaux sont suivis de hausses de loyer. « On peut concevoir un loyer brut qui comprend l'électricité et le chauffage. Le propriétaire investit et se refinance grâce aux économies réalisées, le loyer brut restant le même », suggère Bernd Westphal. Ce point est dans la lignée du programme adopté à Dortmund.
Prix du carbone
Par contre, un désaccord persiste sur le prix du carbone. Les députés SPD peuvent imaginer l'introduction d'une taxe CO2 qui remplacerait les autres prélèvements sur l'énergie. Mais ce serait donner un prix au carbone au niveau national. Une idée que le parti a retirée de la version provisoire de son programme.
Une réflexion au niveau européen est envisagée si les dysfonctionnements du marché du carbone persistent. Le SPD reste préoccupé par les menaces sur les emplois industriels, un de ses cœurs de cible électoral. Le parti continue son jeu d'équilibriste entre protection du climat et de la compétitivité allemande.
Sans surprise, Martin Schulz ne donne pas une feuille de route précise sur la sortie du charbon. La mention de la fin des énergies fossiles a disparu au cours des travaux préparatoires. Le parti n'a pas de position commune sur le sort du lignite, la source la plus polluante en CO2 du mix énergétique allemand. Selon Bernd Westphal, la fin des mines interviendra dans « 20 ou 30 ans ». À Cottbus, en pleine Lusace, le député SPD local, Ulrich Freese, parle plutôt d'un horizon « 2050, 2060 ou 2070 ».
Une fermeture rapide des gigantesques cratères « serait un coup d'arrêt radical pour la région », en mutation depuis la réunification. Martin Schulz mise sur la commission ad hoc qui doit faire des propositions fin 2018 pour stimuler les régions charbonnières. « En ce moment, notre région est trop riche pour obtenir des fonds structurels supplémentaires », regrette Ulrich Freese. La réflexion se poursuit aussi au niveau européen avec les territoires concernés, en Pologne ou en République tchèque.